Le pingouin, le corbeau, et le fauteuil roulant

Un poème d'Olivier Montpeyroux ( dit La Tonfaine ):

 

Maître corbeau, sur un arbre perché,

Courbant la tête, étrangement penché

Sous un poids disgracieux, sous un fardeau bien laid,

Exhibait fièrement un engin rutilant,

Un outil tout en roues que le debout se plait

A baptiser fauteuil, parfois fauteuil roulant,

Quand il l'offre au boiteux, au bancal, au vieillard,

En un geste royal, en souverain roublard.

Manchot, fauteuil roulant, pingoin 

Maître pingouin, par l'odeur alléché,

Bavant devant cet attelage

Magique et scintillant, ce joyau, ce mirage,

Cadeau de Dieu, miracle inespéré : marcher !

S'adressant au corbeau, se fit tout roucoulant, 

                      Et quasi délirant :                         

          Hé bonjour, Monsieur Du Corbac,

          Poussez-moi donc un couac,

          Que je voie de vos dents

          L'incomparable émail

          Illuminer céans,

          Qu'en tous lieux du sérail,

          A la ronde à cent lieues,

          Ébloui par ces feux,

          Et devant tant de grâce,

          Chacun s'agenouillasse.

 

« Il est pas bien çui-là, lança notre reptile.

Jouer les Castafiore et n'ouvrir pas les crocs ?

Pourquoi pas d'un œuf dur attendre un volatile,

Ou encor qu'une enclume enfantât un oiseau ?

Il a une araignée, l'animal volubile ! »

 

          A ces mots, le pingouin ne se sent plus de rage.

          « Le bouffon emplumé de là-haut devra choir ! »

          Jura le rampant aux nuages.

          Furieux, il s'élance au perchoir,

          Agrippe sa colère,

          Et secoue tant et tant

          Qu'à la fin la chimère …

          S'envole. « Adieu veau, vache, et tout le tremblement … !

          Adieu, beau rêve, adieu ! »

Endormido, fauteuil , plage
 

A trop viser l’essieu,

Briguer le firmament,

Parfois on se casse les dents.

 

 

 

 

 

Texte d'Olivier Montpeyroux, photo Dingy, G.D. et Triunfador-es.com

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